Togo : espionnage de religieux et d’opposants, le parlement doit agir

©liinformateur.net – 04 août 2020 – 09h04 (Lomé)

L’affaire d’espionnage de certains religieux et opposants par le régime togolais continue de secouer l’opinion togolaise. Ce sont les journaux Le Monde et The Guardian qui ont révélé la manœuvre qui repose la question du droit à la vie privée. Le parlement doit agir pour que la lumière soit faite.

À l’aide du logiciel d’espionnage «Pegasus» développé par une entreprise israélienne NSO, les autorités Togolaises se sont immiscées dans la vie privée de religieux de renom et d’opposants au pouvoir. Pour l’heure, les journaux ont cité Mgr Alowonou, le père Affognon, Raymond Houndjo de l’ANC, Elliot Ohin de l’UFC. Le professeur Dosseh de Togo Debout fait aussi partie de la liste des personnes ciblées, une liste qui pourrait être plus longue que ça. Ces personnes dont l’espionnage a été mis en lumière ont un même dénominateur commun, elles sont peu clémentes envers le régime.

On peut donc aisément deviner le but de l’espionnage. Il s’agissait pour le pouvoir de connaître leurs faits et gestes pour mieux connaître leurs intentions vis-à-vis de l’autorité. «Pegasus» n’a pas été conçu pour cela de prime abord. Le logiciel vise d’abord à espionner des personnes soupçonnées de liens avec des groupes terroristes. À moins que l’on puisse prouver que Mgr Alowonou ou Raymond Houndjo par exemple, aient des liens avec le terrorisme, rien ne semble justifier l’intérêt de leur espionnage.

Il est alors facile d’imaginer la gène du pouvoir de voir sa manœuvre être mise sur la place publique. Personne dans l’entourage du pouvoir ne souhaite se prononcer, mais il serait inadmissible de ne pas clarifier cette incursion dans la vie privée des gens. Les togolais sont-ils en sécurité avec leurs téléphones ? Jusqu’à quel point les opérateurs de téléphonie mobile ont été complices du jeu d’espionnage ? Qui d’autres a été ciblé ?… Voilà quelques questions légitimes qui se dégagent.

Les ministères de la sécurité et du numérique doivent pouvoir expliquer la chose. Et qui mieux que les parlementaires pour faire parler ces personnes ? On attend donc la réaction des députés sur des interpellations de ces membres du gouvernement sur le sujet. En quoi l’évêque et le curé sont si menaçants à la sécurité nationale pour faire l’objet d’espionnage ? Ce sont des questions aussi simples sur lesquelles des élus doivent pouvoir aider à éclairer la lanterne de l’opinion.

Dans un État prétendument respectueux des droits de l’Homme, le placement sur écoute ne se fait pas sans l’avis d’un juge quand il est établi que l’individu représente une menace à la sécurité nationale. Si c’est le cas en l’espèce, il serait plutôt aisé pour les autorités de le démontrer aux parlementaires et par là justifier ces dépenses extraordinaires pour l’acquisition du logiciel en question. Que les parlementaires agissent pour l’intérêt public.

GSK

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