Togo : nuit de frayeur pour des patients covid-19 au CHR
©liinformateur.net – 07 octobre 2020 – 06h53 – Certains patients covid-19 ont passé une nuit de frayeur de mardi à ce mercredi matin. À peine ont-ils réussi à fermer l’œil, tant la situation dans laquelle ils ont été mis leur hantait l’esprit. Les faits tels que décrit par notre source, un patient admis au CHR Lomé commune (le centre de traitement du covid-19 à Lomé), sont simplement symptomatiques d’une négligence ou d’une approche légère dans la gestion des patients dans ce centre.

Il ne s’agit pas ici d’un réquisitoire contre les braves agents de santé en charge des patients covid-19 ou d’un procès contre la coordination de gestion de la riposte, mais d’une sonnette d’alarme ; car, pour une personne déclarée positive au covid-19, à la peur et l’anxiété qui l’assaillent ne doit pas venir s’ajouter une frayeur due à son lieu de traitement. Et pourtant c’est bien la situation que décrivent certains patients du CHR. Pour des besoins de respect et de protection de l’identité des patients qui sont nos contacts, nous avons décidé de les nommer P1, P2 et P3.

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Le premier (P1) est jeune, dans la trentaine environ ; il a été déclaré positif au coronavirus lors d’un dépistage de tout son service. Ce fut une surprise pour lui, puisqu’il ne manifeste aucun signe extérieur de la maladie ; mais les résultats du test sont formels. On décide de l’évacuer au CHR Lomé commune pour une prise en charge. Nous sommes surpris par cette procédure puisque la communication officielle voudrait que les patients asymptomatiques soient envoyés en isolement soit dans des hôtels dédiés à cet effet ou placés en quarantaine chez eux et suivis depuis là.

« Vous êtes dans un hôtel ? », lui demandons-nous. « Non je suis au CHR Lomé commune », répond P1. Surpris, nous poursuivons. « Au CHR ça veut dire que tu as fait la maladie ? ». « Non ! », répond-il de façon catégorique. Et nous, de lui demander à nouveau : « Mais pourquoi CHR ? ». « Je suis confus ce soir, je ne sais pas », a-t-il répondu.

La confusion de P1 ne tient pas tant du fait qu’il soit admis au CHR bien qu’étant asymptomatique, mais elle vient de ce qui va lui être imposé ensuite. P1 partage sa chambre avec 2 autres patients que nous appelons P2 et P3 également asymptomatiques dont l’un est testé positif à l’aéroport de Lomé. Des asymptomatiques ensemble, il n’y avait pas matière à se faire une frayeur jusqu’à la soirée du mardi 06 octobre où on leur ajoute 2 autres patients, des malades d’un certain âge. Le pire, c’est que les deux nouveaux pensionnaires manifestent des symptômes.

« En faite je suis placé dans une chambre avec deux autre jeunes aussi bien portants. Mais ce soir on nous mélange avec deux vieux et qui tousse avec beaucoup de difficultés et c’est la ça fait beaucoup flipper (sic) », nous relate toujours P1. Curieuse manière de procéder. Doit-on conclure que malgré l’extension des capacités d’accueil du CHR, il n’y ait pas de possibilité de séparer des patients bien portants de ceux qui font la maladie ? C’est en tout cas ce qui semble être le cas puisque nous avons la confirmation ce mercredi matin que d’autres patients ont subi la même chose.

« Dans la nuit ils sont passé surveiller le gar sous sérum et ils sont repassé avec un autre gar les rajouté. Ils nous ont observé mais n’ont même pas bougé leur cœur. Et c’est dans le couloir que nous avons compris qu’on est pas les seul à avoir été mélangé. Dans presque trois chambre il y a quelqu’un qui tousse parmis des gens qui sont bien portantes (sic) », nous apprend-on ce matin.

Dans la nuit du mardi, nous poussons nos contacts à insister pour qu’il leur soit changé de chambre, mais c’est peine perdue puisque le Dr Pakali à qui ils ont adressé leurs plaintes leur a laissé entendre que ce n’est pas lui qui décide si on peut leur changer de chambre. Néanmoins, il leur a remis un numéro à contacter. Il s’agit visiblement d’un psychologue, mais le numéro est resté inaccessible toute la nuit, ainsi que tous les autres numéros.

Contacts des psychologues mis à disposition des patients

C’est ainsi que nos contacts ont décidé de passer la nuit dans le couloir de leur bâtiment d’accueil pour éviter de s’exposer en partageant la même chambre avec des cas plutôt graves de covid.

Couloir du bâtiment où ils ont passé la nuit

Cette gestion des patients est étonnante et plutôt assez particulière. Sur l’insistance de l’épouse d’un des patients asymptomatiques, voici le message que lui a envoyé un médecin du CHR : « L’essentiel c’est qu’il porte toujours son masque et respecte la distanciation. Il n’aura rien ». Si c’est le cas, pourquoi les soignants eux se présentent-ils chez les patients en combinaison totale et non en simple masque ? Voudrait-on que les patients puissent dormir toute la nuit en gardant toujours leur masque ? Comment peut-on respecter la distanciation dans un endroit clos où se retrouvent 5 patients avec 2 autres qui toussent constamment ?

« C’est pas rassurant tout ça. J’ai collaboré depuis le début mais la je commence par regretter (sic) », conclut fatalement notre source ce mercredi matin quand nous prenons de ces nouvelles. Il urge que la cellule de gestion de la riposte se penche sur cette situation et y trouve une solution. S’il n’y a plus de places dans les hôtels pour accueillir les patients asymptomatiques et s’il est désormais impossible de les isoler à la maison, qu’il y ait au moins des dispositions au CHR pour séparer les patients selon le degré de gravité leur cas.

Sur le traitement de façon générale, P1 nous rassure qu’il font l’objet de suivi et sont bien nourris.

GSK

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