Elections : la Cédéao félicite Ouattara et Condé malgré les dizaines de morts
©liinformateur.net – 11 novembre 2020 – 09h23 (Lomé) – La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a adressé ses félicitations aux présidents élus de la Côte d’Ivoire et de la Guinée, tous deux élus dans leur pays respectifs pour un troisième mandat contesté. Les messages de félicitation de la Cédéao sont adressés à ses 2 dirigeants alors que les élections présidentielles qui les ont vu reconfirmer au pouvoir ont été et continuent d’être émaillées par des violences inouïes qui ont déjà occasionné des dizaines de morts. La Cédéao ne semblent pas trop préoccuper par cette situation.

En Guinée, le président Alpha Condé, 82 ans, a modifié la constitution de son pays pour briguer un troisième mandat. Malgré les contestations de l’opposition, il a foncé tête baissée pour s’offrir son troisième mandat de 6 ans à la présidentielle du 18 octobre dernier dont la Céni l’a déclaré gagnant dès le premier tour.

L’opposition guinéenne a contesté dans les rues pendant des mois le troisième mandat ; ces contestations ont engendré des dizaines de morts dans une indifférence quasi totale de la Cédéao. Les responsables de l’espace communautaire n’ont jamais réussi à faire assoir le pouvoir et l’opposition autour d’une table de discussion.

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Pire, la Cédéao a été une sorte de caution pour le processus électoral en menant un audit du fichier électoral, fichier jugé très corrompu par l’opposition mais que la communauté jugeait quelque peu crédible. Alpha Condé a donc obtenu un troisième mandat dans un contexte ensanglanté.

En Côte d’Ivoire, le scénario est quasi identique. La présidentielle s’est tenue dans un contexte très tendue marqué par la volonté du président Alassane Dramane Ouattara de briguer vaille que vaille un troisième mandat. Les missions dites « de diplomatie préventive » menées par la Cédéao, l’Union Africaine et l’ONU, n’ont été qu’une sorte de promenade de santé. La tension ne s’est jamais calmée en Côte d’Ivoire.

Résultats, le contexte pré et post-électoral sont marqués par des violences qui rappellent le scénario de 2010-2011. Violences intercommunautaires par ci, affrontement avec des forces de l’ordre par là et même déploiements de miliciens (les microbes) par endroit… Ce sont des dizaines de morts que la Côte d’Ivoire enregistre depuis l’annonce du président Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat après la mort de son dauphin désigné Amadou Gon Coulibaly.

« La Cédéao exhorte les partis à régler leurs différends par le dialogue » , c’est désormais la phrase fétiche qui semble être consacrée par les dirigeants de la communauté. Alors qu’on pensait qu’avec l’adoption par la quasi totalité des 15 états membres de la Cédéao, du protocole additionnel sur la bonne gouvernance et la démocratie, l’ère des mandats ad vitam aeternam était révolue, on semble assister à un recul généralisé.

Au sein de l’espace, les dirigeants s’offrent des mandats illimités en faisant modifier leur loi fondamentale à quelques mois de la fin de leur dernier mandat. Face à ce phénomène ou plutôt cette pandémie qui gagne surtout les pays d’expression francophone dans l’espace, la Cédéao parait bien impuissante sinon complice.

Féliciter Alpha Condé et Alassane Ouattara sans tenir compte du contexte sanglant de leur élection et rester motus bouche cousue devant les manœuvres de remise en cause des principes de limitation des mandats présidentiels, cela équivaut à une sorte de caution tacite de la Cédéao. Ce faisant, cette Cédéao creuse davantage le fossé déjà abyssal entre elle et les peuples de son espace qui sont dans leur quasi majorité acquis à la limitation des mandats et contre toute idée de troisième mandat, quel que soit le bilan dont peut se targuer l’auteur.

GSK

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