Adhésion au Commonwealth, il y a un prix à payer. Le Togo est-il prêt ?
©liinformateur.net – (Lomé, 24 juin 2021, 13h29) – Le Togo se rapproche de plus en plus du Commonwealth. Cette organisation présidée par la reine d’Angleterre elle-même semble véritablement attirer les pays francophones africains en quête d’un multilatéralisme gage de leur survie économique et politique. Avec les premiers pas effectués en 2017, un nouveau palier a été franchi le 20 juin dernier avec la visite d’une nouvelle délégation du Commonwealth à Lomé. Le processus d’adhésion suit donc son court, mais comme toutes les autres organisations, le Commonwealth a également des règles qu’il faut respecter. Le prix à payer risque de ne pas trop plaire à l’opinion.

L’un des derniers pays en date dont le processus d’adhésion au Commonwealth est presque achevé est le Gabon. Beaucoup se sont demandés pourquoi les autorités gabonaises ont senti la nécessité de dépénaliser le délit de l’homosexualité en juin 2020. C’est bien plus tard que le lien sera fait avec la volonté du pays de Bongo d’adhérer au Commonwealth.

Pour cette organisation à l’origine exclusivement destinée aux pays ayant en partage l’anglais comme langue, la pénalisation de l’homosexualité est considérée comme une violation des droits de l’homme. Or l’organisation prône entre autres, la paix, la liberté, la promotion de la démocratie, des droits de l’homme, de bonne gouvernance et le respect du principe de non-ingérence. Le Gabon se retrouvait ainsi en porte-à-faux avec le principe de respect des droits de l’homme en pénalisant l’homosexualité.

Sous la pression de l’organisation qui compte aujourd’hui 52 Etats, les autorités Gabonaises ont dû pousser le parlement et le sénat, à voter en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité, malgré l’opposition même des députés du camp présidentiel. Est-ce le sort qui attend aussi le Togo ?

Pour l’heure la question ne s’est pas encore posée publiquement mais il est claire que tôt ou tard le sujet devrait s’inviter dans le débat. L’opinion togolaise est majoritairement opposée à ces pratiques sexuelles perçues comme contraires aux valeurs sociales. Le code pénal de novembre 2015 en ses articles 392 et 393 punit l’« outrage aux bonnes mœurs » définit comme « tout acte impudique ou contre nature commis avec un individu de son sexe. Constitue également un outrage aux bonnes mœurs toute atteinte à la moralité publique par paroles, écrits, images ou par tous autres moyens ». Allusion à peine voilée à l’homosexualité. L’outrage aux bonnes mœurs est puni d’une peine d’emprisonnement de 1 à 3 ans et d’une amende d’1 à 3 millions de francs CFA ou de l’une de ces deux peines.

Lors de ses différents passages devant le conseil des droits de l’homme de l’ONU ou à l’examen périodique universel, la question de la dépénalisation de l’homosexualité a souvent été adressée au Togo ; mais le pays les a toujours notés. Avec le Commonwealth qu’en sera-t-il ? Le Togo fera-t-il comme le Gabon qui a évité le référendum pour préférer mettre la pression sur le parlement à cet effet ? Les députés seront-ils prêts à suivre de tels positionnements malgré l’opposition de leur électorat ? Le temps le dira.

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