Assassinat du Lt-Col Madjoulba : pourquoi le coupable ne devrait pas être compliqué à trouver ?

©liinformateur.net – 09 mai 2020 – 08h51

La mort du Lt-Col Bitala Madjoulba continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive au sein de l’opinion. Beaucoup trouvent curieux qu’un officier de ce rang ait pu avoir été assassiné à l’intérieur de son bureau et que plusieurs jours après il n’y ait officiellement aucun coupable présenté au public. À moins que le principe de mutisme caractéristique de l’armée, d’où son surnom la grande muette, doivent encore régner en pareilles circonstances, le public a besoin d’être situé sur les circonstances de l’assassinat du désormais ex-chef de corps du bataillon d’intervention rapide. Pour plusieurs raisons, l’enquête ne devrait pas être si compliquée à mener.

Le Lt-Colonel Madjoulba a été tué dans son bureau selon les premières informations communiquées par des sources au sein du bataillon auquel appartenait l’officier. Son corps sans vie a été retrouvé beignant dans une marre de sang ce qui écarte donc la piste d’un meurtre hors du bureau pour ensuite venir y déposer le corps ; d’ailleurs ce scénario aurait été plus difficile à mettre en œuvre. Le bataillon d’intervention rapide est l’une des unités d’élites de l’armée togolaise, ce sont ses soldats qu’on appelle les bérets rouges. Ils sont rompus au combat et généralement lourdement armés. L’accès à leur base, pour toute personne étrangère n’est pas mince affaire. Il est donc logiquement impossible que le meurtrier y soit venu de l’extérieur pour commettre le crime et reparti incognito.

Bien sûr le camp du BIR n’est pas une forteresse imprenable mais personne d’autre qu’un corps habillé n’aurait pu y avoir accès et reparti sans éveiller de soupçons. Le criminel est forcément de l’écurie soldatesque.

Les enquêtes devraient donc pouvoir se concentrer sur les heures précédant la découverte du corps. Dans la nuit du 03 mai c’est-à-dire le dimanche, que faisait le Lt-Colonel Madjoulba ? Avec qui était-il en contact ? On imagine difficilement que ce soit tout le bataillon qui ait été en contact avec lui. Dans l’armée, il est plus facile pour un civil d’être en compagnie d’un haut gradé de façon décontractée qu’un soldat de rang inférieur. Discipline oblige. Les dernières personnes à l’avoir vu vivant les heures qui ont précédé la découverte de son corps devraient avoir été des gens du même acabit que lui ou son entourage immédiat : gardes corps s’il en avait, secrétaire, chef de cabinet… Il ne doit pas être compliqué de dresser une liste de ces personnes et de les soumettre à un interrogatoire pour démêler le vrai du faux.

Autre point qui devrait être relativement facile à élucider, comment le meurtrier a-t-il pu avoir accès aux bureaux de l’officier supérieur ? S’est-il fait annoncé comme tout visiteur ? Certaines informations font état de ce qu’il aurait eu accès au bureau par la fenêtre ou la porte d’entrée de derrière. Dans ce cas cela supposerait que ce dernier connait bien les lieux. La thèse d’un meurtrier à l’interne se renforcerait alors. De toute façon, il est plutôt difficile d’imaginer que la victime ait vu son meurtrier de face et engagé une lutte avec lui puis réussir à le poignarder à la gorge. La gabarit imposant du Lt-Col est un élément de dissuasion pour quiconque oserait engager un combat au corps à corps avec lui. Il a sans doute été pris par surprise et surtout de derrière, à moins que le tir de balle soit venu en premier pour le neutraliser avant qu’il ne soit poignardé. Dans ce cas cela repose d’autres questions ; le meurtrier a dû utiliser un silencieux pour éviter de faire du bruit mais surtout il a dû rentrer par devant et donc par la porte principale. Hypothèse peu plausible.

Un autre élément de taille qui doit fortement faire l’objet d’analyse minutieuse des enquêteurs : les armes du crime. On parle d’un couteau et d’une fameuse balle qui aurait été extraite de la victime. Une simple balistique permettrait de remonter au propriétaire de l’arme. En balistique, il est facile de retrouver l’arme d’un crime à partir de la balle, chaque balle portant un numéro de série, on peut facilement remonter sa piste. S’agissant du couteau, quelle est sa nature ? Certainement que le meurtrier a dû y laisser des empruntes qui pourront être relevées et analysées. Au sein de l’armée il devrait exister une base de données d’empreintes digitales pour toute éventualité.

Une fois qu’un visage aurait été mis sur tous ces éléments, le seul élément inconnu de l’affaire resterait le mobile du crime. Vengeance, règlement de compte, jalousie …? Il s’agira pour l’enquête de déterminer ce qui a pu pousser le criminel à s’en prendre à un officier des FAT qui, de l’avis général, était très apprécié pour sa discipline que pour son courage.

L’opinion nationale et les forces armées togolaises en general, le bataillon d’intervention rapide et la famille du défunt en particulier attendent des réponses diligentes à leurs questionnements.

Samuel Gnanhoui

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