Explosion des cas de covid-19 au Togo : la justification des autorités doit plutôt inquiéter

©liinformateur.net – 19 mai 2020 – 20h16 (Lomé)

Les cas de contamination au coronavirus augmentent à la vitesse grand V au Togo. En une semaine le pays a enregistré une centaine de nouveaux cas et au moins un décès supplémentaire. Pour les autorités en charge de la riposte, cette situation est imputable au voisin de l’ouest qui a déconfiné.

Face à l’explosion des nouveaux cas de covid-19 au Togo, la seule justification trouvée par les autorités sanitaires pour expliquer la situation est de pointer du doigt le Ghana. On le sait bien, le pays de Nkrumah a décidé d’alléger ses mesures de confinement depuis trois semaines déjà. La décision a eu immédiatement pour effet de faire accroître drastiquement les cas de contamination au Ghana qui table aujourd’hui à plus de 5.000 cas contre 1042 avant le déconfinement. Mais les conséquences sont allées bien au-delà des frontières Ghanéennes. Le Togo a subi aussi les effets du déconfinement Ghanéen.

C’est du moins l’argument que servent les membres de la cellule de riposte obligés d’expliquer l’explosion des cas au Togo. Si le Togo est passé de moins de 100 cas à plus de 300 aujourd’hui, c’est la faute au Ghana. Profitant du déconfinement, plusieurs togolais résidant au Ghana ou partis y effectués des activités saisonnières sont rentrés chez eux, amenant dans leur corps le mal du siècle qu’ils n’ont pas pu s’empêcher de passer à leur entourage immédiat. Si l’explication peut sembler convaincre, elle traduit quand-même une faille inquiétante dans la gestion des frontières que le Togo partage avec ses voisins.

Il n’est plus un secret pour personne que les frontières en Afrique sont des plus poreuses et pour peu qu’on maîtrise bien les zones on peut se permettre des va et vient à volonté. Mais pour un pays qui est très à cheval sur les questions de sécurité et d’intégrité territoriale, ce manque de contrôle sur le flux des personnes de part et d’autres des frontières est inquiétant. Il révèle en fait que les populations ont plus de maîtrise des frontières que les forces préposées à la sécurité frontalière. S’il est autant facile pour les hommes de traverser la frontière et surtout en pleine journée, c’est qu’il est aussi facile d’y faire rentrer toute sorte de produits y compris des armes et de la drogue.

Après tout, ce n’est peut-être pas que le coronavirus qui voyage avec les gens, ils viennent sans doute avec d’autres produits sachant qu’aucun agent ne connait mieux la zone qu’eux et qu’ils peuvent continuer par aller et venir sans inquiétude. Le rapport de la force mixte anti-pandémie datant de ce mardi le démontre d’ailleurs, des individus ont tenté de faire rentrer au Togo plusieurs kilogrammes de pain de cannabis dissimulés dans des ballots de friperies. Heureusement que la vigilance des éléments de la FOSAP a permis de leur mettre la main dessus. Mais eux ils ont choisi la frontière officielle d’Aflao. Quid de tous ces produits qui peuvent rentrer par les autres frontières non officielles ?

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