Le journal de Dominique Aliziou reparaît et émet des doutes sur la thèse officielle de son décès
©liinformateur.net – 28 mai 2020 – 08h40 (Lomé)
« Chronique de la Semaine », la seule évocation du nom de cet hebdomadaire renvoie immédiatement à Dominique Aliziou, son fondateur disparu il y a deux mois officiellement des suites du coronavirus. Les Togolais ont eu la surprise de redécouvrir la une de ce journal, en grande partie consacrée à un hommage au disparu.
Le 27 mars, Dominique Aliziou était prématurément arraché à l’affectation de ceux qui l’ont connu et aimé. Dans la corporation, l’homme n’avait que des amis, car il faut l’avoir connu pour apprécier quel humain se cachait derrière cette grande gueule qui n’avait pas sa langue dans sa poche. Alors qu’on pensait son journal définitivement disparu avec lui, l’équipe de rédaction décide de faire revivre l’hebdomadaire. Le numéro 561 du jeudi 28 mai 2020 est dans les kiosques.
Cette nouvelle parution qui revient en grande partie sur les derniers jours de la vie de Essodina Dominique Aliziou se questionne aussi les circonstances réelles de sa mort. Chronique de la Semaine ne croit pas en la version officielle de la mort de son fondateur.
En effet, Dominique Aliziou est mort le 27 mars 2020 officiellement du coronavirus. Il est d’ailleurs la première victime de la maladie au Togo. Depuis, 12 autres personnes le suivront. Mais pour la rédaction du journal, un certain nombre de faits pré et post mortem permettent de douter de la cause officielle du décès.
En racontant les derniers jours de la vie du feu Aliziou, on découvre qu’à son retour de voyage le 16 mars, il traînait déjà une difficulté respiratoire et une rhinite, rien d’étonnant pour ceux qui ont l’habitude de côtoyer l’homme. Le 20 il consulta son médecin et subit des analyses dont un test de covid. Dominique apprit deux jours plus tard, c’est-à-dire le 22 qu’il était positif à la covid-19 et devait être amené au CHR. Or, raconte le journal, sa santé a commencé par aller mieux entre temps. Il dû tout de même accepter l’hospitalisation sur insistance de l’équipe médicale de riposte. C’est le début de son calvaire. Il faut préciser que le Togo était à ses débuts dans la lutte contre la pandémie et les balbutiements liés au protocole de traitement étaient au rendez-vous, pire, l’hôpital souffrait d’un manque criard d’équipements.
Arrivé à l’hôpital selon ce que raconte le journal, l’ancien directeur de publication n’a reçu aucun soin pendant trois jours soit du 22 au 25. Mais rien ne laissait transparaître une issue tragique. La veille de son trépas, Dominique Aliziou a supervisé la parution de son journal jusque tard dans la nuit ; la même journée, son épouse lui rendit visite et n’avait remarqué aucun signe de malaise quelconque. Ce n’est que quelques heures plus tard que la détresse respiratoire est devenue plus aiguë à la surprise générale. Un premier coma dans la matinée du 27 mars puis un second en fin de soirée et Dominique Aliziou rendit son dernier souffle vers 17h. Ça c’est la version officielle.
Mais Chronique de la Semaine s’interroge. À son retour au bercail le 16 mars, le disparu est resté en famille jusqu’au 22 mars, date de son hospitalisation au CHR. Il a reçu des visites, serré des mains, il a partagé le lit conjugal avec son épouse et câliné ses enfants… Aussi curieux que cela puisse paraître, aucun de ce beau monde n’a été testé positif. Son médecin qui l’a consulté également est négatif au test. En amont, les personnes qu’il a rencontrées et fréquentées lors de son séjour en Belgique et en Allemagne sont toutes déclarées négatives. Pour une maladie hautement contagieuse, la rédaction trouve curieux que l’entourage immédiat de M. Aliziou n’ait pas contracté le mal du siècle. On apprend même que la veille de son décès, Dominique aurait subi un autre test du coronavirus qui s’est révélé négatif et il se préparait à en subir un autre le samedi suivant et être libéré si les résultats se confirmaient.
Mais le sort en a décidé autrement. Le sort ou du moins des mains noires ? Le journal n’écarte pas l’hypothèse d’une conspiration que nous laissons nos lecteurs découvrir en parcourant la parution 561 de Chronique de la Semaine.
Samuel Gnanhoui