Détournement de 500 milliards : pour Gerry Taama il y a bien un « délit » qui nécessite investigations

©liinformateur.net – 30 juin 2020 – 08h12 (Lomé)

Contrairement à son collègue député de l’Union des Forces du Changement, Séna Alipui, qui ne voit rien de « sérieux » dans les révélations du journal l’Alternative sur un vaste détournement dans la commande des produits pétroliers orchestré par les sieurs Adjakly père et fils, Gerry Taama lui ne banalise pas les révélations du journal. L’élu de l’Est-Mono va même plus loin et trouve qu’il y a « délit d’initiés » si les faits sont avérés.

Les « Adjakly » père et fils ont-ils détournés des centaines de milliards dans la commande des produits pétroliers depuis plusieurs années ? La réponse est affirmative selon le journal d’investigation l’Alternative qui a révélé dans une récente enquête des méthodes sophistiquées mises en place par les deux « Adjakly » avec la complicité de certains hauts perchés qui se partageraient le magot avec les faussaires. Le stratagème mis en place est tellement bien maquillé que les patrons du ministère du commerce n’y auraient vu que du feu pendant toutes ces années. Apparemment même le numéro 1 togolais aurait découvert la manœuvre de détournement après les révélations du journal l’Alternative et il serait rentré dans une colère noire selon un autre journal, Togobreakingnews. Seulement voilà, le député Alipui parle lui d’un « règlement de compte » (du journal contre les « Adjakly » – Ndlr) et n’y voit rien de « sérieux« . Des propos qui ont choqué plus d’un sur les réseaux sociaux et médias classiques.

Du côté de Gerry Taama, pas question de banaliser une affaire d’une telle ampleur. Pour lui, l’alerte lancée par l’Alternative est « un remarquable travail d’investigation » qui mérite que l’on s’y penche pour l’ampleur de la somme en cause, 500 milliards de francs CFA soit l’équivalent de 30.000 classes équipées de tables-bancs. De son côté, il prend les choses au sérieux et pense qu’il faut crever l’abcès pour y voir clair. Pour cela, quatre acteurs peuvent rentrer en jeu : le parlement, la justice, l’exécutif et la société.

Pour sa part, M. Taama a déjà « interpellé le ministre du commerce pour qu’il nous explique en détail comment se gère la commande et la distribution du carburant dans notre pays » , informe le député. En attendant qu’il vienne répondre, il y a également la possibilité d’une commission d’enquête parlementaire. Mais il faut être au point 15 députés pour lancer une commission d’enquête parlementaire, autrement dit, ce serait une arlésienne au regard de la configuration parlementaire très défavorable aux députés de l’opposition.

Quoiqu’il en sera, Gerry Taama lui-même a mené sa petite enquête et découvert qu’on est ici en face de ce qui ressemble à « un délit d’initiés, associé à une collision d’intérêts familiaux » . Tout procède d’un montage tellement huilé que la somme supposée détournée ne serait que « des estimations et nul ne saura jamais combien a été dérobé aux consommateurs que nous sommes car les excédents ont été payés par nous » , révèle Gerry Taama.

Et même s’il serait difficile de retrouver la « trace » des faits de détournement, il est vrai que quelqu’un gérait la CSFPP et que son fils n’était pas loin non plus. Il est aussi vrai qu’une seule société, pendant des années, a présenté les offres les moins disantes, emportant à tous les coups les marchés. Il faudra que la justice s’y intéresse avec le même empressement qu’on voit déployer dans d’autres affaires politiques. Quelqu’un doit payer.

Faure Gnassingbé a fait campagne sur la lutte contre la corruption et les crimes économiques.

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