Education : pourquoi le ministre Kokoroko ne pourra-t-il pas mettre ses menaces à exécution ?
©liinformateur.net – Lomé, 30 mars 2022, 09h22 – Entre le ministre en charge des enseignements primaire et secondaire et une bonne partie de ses administrés, rien ne va plus. C’est le moins que l’on puisse dire après les propos par médias interposés ces derniers jours. D’un côté le ministre Kokoroko fait montre d’une fermeté, indispensable pour redresser un secteur de l’éducation confronté à de multiples crises depuis plusieurs années ; de l’autre, des enseignants réunis au sein d’un nouveau syndicat, le SET, qui n’entendent pas se laisser intimider. Komlan Dodzi Kokoroko menace, mais il semble aussi que ce soit plus facile à dire qu’à faire.
Depuis la préfecture de l’Oti où il s’exprimait en fin de semaine dernière sur les annonces de grève, le ministre n’y est pas allé par quatre chemins pour montrer qu’il n’est pas plus prêt à laisser le secteur être en proie à des disfonctionnements. Les mots employés par l’universitaires sont jugés excessifs par beaucoup. « Missiles, rafales, dégâts… », un ministre ne devrait pas dire ça, affirment certains.
En face, le SET se montre tout autant déterminé et se dit peu intimidé par les menaces du ministre Kokoroko. Le bras de fer est tendu, mais à l’analyse, les marges de manœuvre du ministre semblent plus minces qu’il n’en donne l’impression.
La fonction publique est régie par un statut bien clair et il est difficile de « rafaler » un fonctionnaire comme bon semblera à quelqu’un. Même ministre, Dodzi Kokoroko ne pourra pas réformer des enseignants par un simple arrêté les mettant à la disposition de l’administration, sauf à s’attendre à faire face à des procédures judiciaires que les enseignants qui seraient touchés ne manqueraient pas d’enclencher.
Autre réalité qui ne plaide pas pour la logique guerrière du ministre, le secteur de l’éducation souffre déjà du manque criard d’enseignants. Ce n’est pas l’annonce du recrutement de 3.250 enseignants supplémentaires pour les prochains mois qui va combler ce vide. Dans ce contexte, menacer de mettre des enseignants à la disposition de l’administration relève de la pure utopie. Dans de nombreux milieux, des écoles n’ont pas d’enseignants ou en ont très peu. Personne ne saurait se payer le luxe de reverser des enseignants déjà en fonction dans l’administration, encore que l’administration elle-même ne souffre pas trop de déficit de travailleurs.
Il va sans dire que dans cette guéguerre entre SET et ministre, personne ne sera gagnant ; l’idéal serait de mettre balle à terre et de discuter pour trouver une solution. Il ne faut pas non plus perdre de vue que la période-ci correspond à celle des examens de fin d’année qui vont démarrer dans quelques semaines, la sérénité doit revenir dans les deux camps pour réussir ce pari.