Le  Burkina donne un bel exemple à la classe politique togolaise
©liinformateur.net – (10 janvier 2021, 21h23, Lomé) – Après sa réélection dès le premier tour de la présidentielle du 22 novembre 2020 avec à peu près 58% des suffrages, le président burkinabè a entamé la formation de sa nouvelle équipe gouvernementale. On note des entrées remarquables dans ce nouveau gouvernement de Rock Marc Christian Kaboré à l’instar de l’ancien chef de file de l’opposition, Zéphyrin Diabré. Il serait aisé de parler d’un gouvernement d’union nationale au pays des hommes intègres et une belle leçon de maturité politique et démocratique à d’autres pays dont le Togo.

Zéphyrin Diabré est le nouveau ministre burkinabè en charge de la réconciliation nationale. L’homme qui était candidat malheureux à la dernière présidentielle n’est arrivé qu’en troisième position et a perdu même le titre de chef de file de l’opposition au profit du CDP de l’ancien président Blaise Compaoré. Le voilà donc rappeler par celui dont il avait vivement contesté le bilan lors de la présidentielle de novembre 2020.

On s’en souvient encore, entre les promesses démagogiques d’extension de l’océan jusqu’au Burkina Faso, Zéphyrin Diabré n’a pas été tendre avec le président Kaboré dont il jugeait le bilan chaotique sur tous les plans, surtout la sécurité. Mais le voilà, deux mois après ces joutes verbales, dans le premier gouvernement du second mandat de Kaboré. Une leçon de maturité politique et démocratique qui doit inspirer une certaine classe politique au Togo.

Si la nomination de Zéphyrin Diabré s’était produite au Togo, le nouveau ministre aurait été affublé de tous les noms d’oiseaux. « Traître parti à la mangeoire », « Judas », « Opposant ‘ventrocrate’ »…, que de qualificatifs péjoratifs n’aurait-on pas écouté ou lu à propos de l’entrée au gouvernement d’un opposant. Le Togo reste une exception dans laquelle toute collaboration entre le pouvoir en place et un opposant au sein d’un gouvernement est vécu comme un crime de lèse majesté. Ceux qui s’y sont risqués, se mordent encore les doigts aujourd’hui.

Et pourtant, chez les voisins du Togo, on ne semble pas s’embarrasser de ces détails. Lorsque l’intérêt supérieur de la nation le commande, tout égo est mis de côté. Avoir des opposants qui entrent au gouvernement et démissionnent à l’approche des élections est monnaie courante dans certains pays comme le Sénégal, le Bénin… Le Togo aussi devrait s’inspirer de tels exemples et les opposants, accepter quelques fois les mains tendues du pouvoir.

La meilleure manière de changer une chose, c’est parfois d’être à l’intérieur. Il faut, pour cela, briser les stéréotypes et changer de discours pour reformater un peuple trop longtemps galvanisé et dopé à des discours creux sur un radicalisme béat. L’opposition togolaise aura-t-elle le courage nécessaire pour cela ?

GSK

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