Suspension des salaires des enseignants du privé, une arnaque des promoteurs d’établissements

©liinformateur.net – 1er mai 2020 – 20h53

Le Covid-19 est aujourd’hui l’excuse toute trouvée par nombre d’employeurs pour suspendre les salaires de leurs collaborateurs. Dans l’enseignement privé par exemple, plusieurs instituteurs sont sans salaires pour le second mois consécutifs, une situation qui n’a normalement pas sa raison d’être.

La pandémie du Coronavirus au Togo a contraint le pouvoir public a fermé toutes les écoles jusqu’à nouvel ordre. La décision est entrée en vigueur vers la fin du mois de mars dernier et elle a mis sur les carreaux les enseignants du privé à la condition sociale déjà très précaire. À la fin du mois de mars et d’avril, les milliers d’enseignants des écoles privées sont obligés de tirer le diable par la queue pour survivre. Pour les tenants des écoles, pas de cours, pas de salaire.

Si la logique peut sembler compréhensible, elle procède plutôt d’une arnaque des responsables d’écoles privées. Arguer de la fermeture des écoles pour justifier le non versement des salaires de mars et d’avril révèle simplement la mauvaise foi des directeurs d’établissements. En principe, dans la plupart des écoles privées, les parents ont déjà entièrement versé la totalité de l’écolage pour le compte de l’année scolaire 2019-2020. Dès le début du mois de février et à l’approche de la composition du deuxième trimestre, les parents d’élèves ont été sommés de payer les frais de scolarité de leurs enfants pour qu’ils ne se voient pas exclus des prochaines compositions. Craignant donc le risque de voir leurs progénitures perdre le second trimestre, la majorité des parents se sont acquittés de leurs responsabilités envers les établissements scolaires. Ainsi, à l’heure actuelle, la plupart des écoles privées ont bouclé leurs estimations financières pour l’année.

Dans ce contexte et sachant que la majorité des écoles privées ne versent les salaires que pour 8 à 9 mois dans l’année (les vacances étant exclues), l’excuse des directeurs d’établissements paraît farfelue. Affirmer que la fermeture des établissements scolaires a empêché les parents de payer les écolages est simplement une vue de l’esprit et un faux-fuyant pour les promoteurs des écoles privées. En toute logique, les caisses sont suffisamment renfloués pour que les salaires des enseignants puissent être payés jusqu’à mai ou juin au maximum.

Au fond d’eux, les directeurs d’établissements croisent les doigts pour que l’année scolaire soit écourtée et qu’ils n’aient plus à payer un quelconque salaire. Pendant ce temps, les enseignants dont les salaires varient entre 20 et 40.000F CFA en moyenne, ressentent durement déjà les effets du chômage partiel.

Non éligibles au programme « Novissi » (un programme lancé par le gouvernement pour soutenir les plus démunis dans le grand Lomé et Tchaoudjo), il n’y a pour l’heure aucune issue pour ces enseignements, à moins que les autorités n’aient un programme spécial dédié à eux.

Samuel Gnanhoui

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