Burundi : des centaines de concubines chassées de leur foyer « au nom de l’ordre moral et chrétien »

©liinformateur.net – C’est une affaire qui pourrait vraiment faire rire si elle ne provenait pas d’un gouvernement. Alors qu’on l’attend sur les grands chantiers de la lutte contre l’extrême pauvreté et le chômage, le gouvernement du Burundi n’a trouvé rien de mieux à faire que de lancer une chasse aux « concubines ». Au nom de « l’ordre moral et chrétien », il a été décidé par les plus hautes autorités de lancer une véritable chasse aux concubines. Celles-ci, comme des malpropres, sont chassées de leur ménage et renvoyées dans leur famille, parfois après des années de vie commune avec leur concubin, vie commune soldée souvent par des enfants.

Au Burundi, les autorités ont lancé une drôle de chasse à l’homme. Dans le viseur, les concubines. Selon les autorités actuelles, le concubinage est un péché qui empêcherait le Burundi de se développer. Aussi, ont-elles décidé de prendre le taureau par les cornes en chassant les concubines de leur ménage.

Une fois la décision prise au sommet de l’Etat, les autorités provinciales s’y sont mises à cœur joie, chacune allant de son zèle. Au nord du pays, la décision est exécutée avec détermination dans au moins deux localités : Kayanza et Ngozi. Dans la province de Ngozi, le gouverneur dit avoir lancé une phase de sensibilisation et d’explications début novembre 2023 ; cette phase a laissé place à une chasse à l’homme ou plutôt une chasse aux concubines qui ne dit pas son nom.

« Depuis janvier, nous avons arrêté la phase de concertation et nous avons commencé à expulser de ces ménages les femmes qui vivent avec des hommes qui ne sont pas leurs maris légaux. On avait déjà déguerpi 237 femmes dans toute la province de Ngozi jusqu’au 26 mars 2024. » a fait savoir le gouverneur.

Il semblerait que de nombreux Burundais trouvent la mesure salutaire au point de dénoncer « ces couples qui vivent dans le péché », selon l’expression du président Burundais Evariste Ndayishimiyé. L’exécution de cette décision a fait renvoyer dans leur famille des femmes qui vivent avec leur conjoint depuis parfois 15 voire 20 ans, des unions dont sont nés de nombreux enfants.

On assiste aussi à des scènes d’enfants séparés de leur mère et obligés de vivre avec la première femme de leur père ou encore des hommes qui sont poussés à retourner vivre avec leur première femme dont ils sont séparés depuis une quinzaine ou une vingtaine d’années… De nombreuses associations dénoncent des abus dans l’application de cette mesure.

Faut-il en rire ou en pleurer ? En tout cas le Burundi semble plus se montrer comme la risée du monde entier avec une décision aussi ubuesque. Le très catholique président n’a-t-il pas lu dans sa Bible qu’Israël est un pays qui a pratiqué pendant longtemps la polygynie sans pour autant être un pays sous développé ? Comment a-t-il réussi à faire le lien entre développement et concubinage ? Lorsqu’on a plus rien à proposer pour développer son pays, on trouve des subterfuges comme refuge.

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