CMS Djagblé – Consultation prénatale : des femmes enceintes gênées de se faire toucher par des hommes
©liinformateur.net – 10 décembre 2020 – 16h51 (Lomé) – A Djagblé, localité située à une dizaine de kilomètres du quartier Kégué après le contournement, la consultation prénatale devient un moment de gêne pour plusieurs femmes qui visitent le CMS. Se faire toucher les parties intimes par des hommes, infirmiers ou médecins, n’a rien d’agréable selon les témoignages que nous avons recueillis auprès de certaines femmes. La gêne ressentie au cours de ces moments de consultations est telle que certaines ont simplement préféré se diriger vers d’autres structures sanitaires plus éloignées ou moins qualifiées.

C’est d’abord une dame que l’on surnomme maman Dorcas qui nous alerte sur le phénomène. A sa quatrième grossesse, cette dame un peu élancée, dans la trentaine, vit dans le village de Socatchi (à peu près 3 km du marché d’Avéta) avec son mari et ses 3 premiers enfants. Pour sa première consultation prénatale durant cette nouvelle grossesse, elle a choisi d’aller au Centre Médico-Social de Djagblé. Aucun problème d’accueil, maman Dorcas n’a simplement pas accepté de se faire consulter par un personnel masculin.

Lire aussi Togo : Bientôt une prise en charge gratuite de la femme enceinte

« Ils sont très jeunes, c’est carrément mes petits frères. Je ne me me vois pas me coucher et laisser ces gamins mettre leurs doigts à l’intérieur de mon vagin » , nous raconte-t-elle en mina (une langue parlée au sud du Togo), non sans une petite gêne.

De retour à la maison, maman Dorcas dit avoir présenté la situation à son mari qui a été catégorique ; pour lui, il n’est pas question que sa femme puisse se faire toucher les parties intimes par un autre homme même s’il est un infirmier ou médecin. Quant à maman Dorcas, elle a choisi de se diriger vers une structure sanitaire privée non loin de son domicile pour les consultations prénatales.

« Au moins là c’est une femme et je me sens plus à l’aise, nous dit-elle. Je pense accoucher dans cette structure et je prie Dieu que tout se passe bien pour moi.« 

Le témoignage de maman Dorcas est corroboré par une autre femme du nom de Mimi, la trentaine également qui a visité le CMS Djagblé. Mimi n’y était pas pour une consultation prénatale mais pour accompagner sa grande sœur venue pour le suivi médical de ses jumeaux. Elle raconte…

« Ce qui m’a frappé, c’est de voir des femmes enceintes venues pour leur consultation, elles entraient et sortaient toutes d’une pièce du CMS, mais le plus étonnant c’est que c’est un homme qui s’y trouvait pour les accueillir et les consulter. Je me suis posé des questions et en demandant, on m’a fait savoir qu’il y a souvent des hommes de service certains jours pour la consultation. C’est très désagréable de me déshabiller devant un autre homme pour ça, je ne le ferai pas.« 

Le récit de Mimi est entrecoupé par de petits moments de silence où elle donne l’impression d’être ailleurs. Mais dans les détails, elle nous explique que pendant une consultation prénatale, la femme enceinte doit se déshabiller, du moins enlever totalement le bas et se coucher sur une table pour que l’agent de santé l’ausculte. L’agent met un gant et pratique des touchers vaginaux en lui mettant la main dans le vagin puis la retourne dans tous les sens.

« C’est déjà désagréable quand c’est une femme qui vous le fait, mais là on parle d’homme… (silence), je ne le ferai pas » , finit-elle.

Qu’en pensent les hommes eux-mêmes ? Nous n’avons pas recueilli leurs réactions mais lorsque nous évoquions la rédaction de cet article avec un confrère, ce dernier a lâché : « je n’ai jamais permis qu’un homme touche ma femme pendant sa grossesse.

Il y a nécessité de revoir la situation au niveau du CMS Djagblé car de nombreuses femmes préfèrent aller jusqu’à Kégué pour les consultations prénatales en raison de cette situation. Les motifs religieux et cultuels sont aussi une autre raison évoquée par d’autres femmes pour refuser de subir ce moment de gêne qu’est de se laisser toucher par un infirmier ou médecin.

GSK

Leave comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *.