Covid-19 : pourquoi la réouverture des lieux de culte ne doit pas faire peur ?

©liinformateur.net – 18 juin 08h32 (Lomé)

Le Togo allège les mesures de restrictions prises pour limiter la propagation du coronavirus. À la levée du couvre-feu et du bouclage des villes a succédé l’ouverture des écoles pour les élèves des classes d’examen. Tout est redevenu presque normal mis à part les lieux de cultes qui restent toujours fermées. Leur ouverture est attendue incessamment, mais des sons de cloches alarmistes se font entendre sur des risques éventuels liés à cette réouverture.

Les lieux de cultes avaient été fermés au même moment que les écoles vers la fin du mois de mars, mais pour rouvrir les écoles, les autorités ont argué d’une stabilisation de la contamination. Depuis quelques jours les scientifiques avertissent qu’il va falloir apprendre à vivre avec le virus. Vivre avec le virus suppose que la vie doit reprendre son court normal dans le respect des mesures barrières. Au moment où l’on se prépare à ouvrir aussi les frontières, quel argument militerait alors en faveur du maintien de la fermeture des lieux de cultes ?

Certains journaux et d’autres voix évoquent le risque d’une explosion des cas si les mosquées et églises étaient rouvertes. Mais cet argument ne tient pas la route pour plusieurs raisons. La principale tient au fait que le Togo, qui avait tout fermé dès les débuts de l’épidémie, n’a jamais fermé les marchés. Tout le monde sait quel désordre avait régné sur les marchés ; pas de port de masques, pas de distanciation sociale, le plus souvent pas de dispositifs de lavage de mains… Malgré cela, le pays n’a pas connu le pire en matière d’explosion de cas. Seuls les marchés sous le contrôle de l’EPAM avaient mis en place un semblant de mesures barrières qui n’ont commencé par être véritablement respectées que très récemment. Les autres marchés sont restés ouverts sans aucun contrôle. Cela n’a pas entraîné le pire, pourquoi alors penser et affirmer que l’ouverture des lieux de cultes entraînerait une explosion des cas de covid-19 ?

Églises et mosquées sont plus à même de faire preuve de discipline, en tout cas plus que ce qu’on a observé dans les marchés. Il est plus facile d’installer des dispositifs de lave-mains à l’entrée des lieux de cultes, d’y filtrer les entrées et de s’assurer du respect du port du masque. Dans les mosquées par exemple, on peut aisément demander à chaque fidèle de se munir de son propre tapis de prière et faire des marquages au sol pour que la distance d’au moins un mètre soit respecté entre les fidèles d’Allah. Idem dans les églises où il suffit d’imposer un remplissage au tiers de l’effectif, à charge pour les responsables ecclésiastiques d’imposer un nombre conséquent de célébrations des cultes par jour. Au Bénin par exemple, certaines églises sont passées de 3 célébrations par jour à huit pour respecter la distanciation entre fidèles qui impose pas plus de trois fidèles par banc.

Rouvrir les églises ne devrait pas faire peur comme tentent de le faire croire certains, d’ailleurs on ne saurait accorder une liberté à d’autres secteurs et maintenir la fermeture des lieux de culte. En France, le conseil d’État a donné un avis en faveur de l’ouverture des lieux de culte lorsque les autorités françaises ont tout rouvert sauf églises et mosquées. Au Togo les populations ont maintenant une plus grande connaissance de la maladie à la faveur des nombreuses campagnes médiatiques de sensibilisation, chacun sait que le mal est là et il faut vivre avec, ce ne sont pas les églises et mosquées qui vont se mettre en marge de l’application des gestes barrières.

Il y a quelques jours, le ministre de l’administration territoriale a échangé avec les responsables religieux sur l’état de la situation sanitaire et les conditions d’une réouverture des lieux de cultes. Mais aucune date n’a été fixée pour se faire et la réouverture ne semble pas plus préoccuper les autorités. Et pourtant vivre sa foi est aussi une liberté garantie par la loi fondamentale.

Samuel Gnanhoui

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