Le journaliste Carlos Kétohou interpellé, recul de la liberté de presse ?
©liinformateur.net – 30 décembre 2020 – 15h47 (Lomé) – Le journaliste togolais et directeur de publication du journal privé « L’Indépendant Express », Carlos Kétohou a été arrêté manu-militari dans la nuit du 29 décembre 2020. Il est gardé à vue depuis dans les locaux de la Brigade de Recherches et d’Investigations à Lomé. Son interpellation qui s’apparente à un « enlèvement », selon certains au regard de la description des faits, est vivement critiquée par les associations de journalistes, des partis politiques… Pour beaucoup, il y a un recul de la liberté de presse qui ne dit pas son nom.
L’interpellation de Carlos Kétohou intervient alors qu’une convocation émanant du Service Central des Recherches et Investigations Criminelles (SCRIC) lui était adressée pour ce 30 décembre. On s’interroge du coup de savoir pour quel motif ce journaliste est convoqué puis interpellé nuitamment.
Le lien est vite fait avec un article rédigé par le journaliste et intitulé : « Scoop de fin d’année : Deux femmes ministres interpellées pour vol de cuillères dorées » . Cet article devenu viral en quelques jours sur les réseaux sociaux, serait à la base des ennuis du journaliste. Cette thèse se justifie pour d’aucuns par la proximité de calendrier entre la publication de l’article et l’interpellation de l’auteur. Sauf qu’à la lecture de l’article en question, aucun nom n’a été donné et aucun pays n’a été indiqué. Il serait donc hasardeux et précipité d’établir ce lien de cause à effet pour une raison majeure.
Le Togo est l’un des pays qui garantit la liberté de la presse, il existe un cadre légal très protecteur de la liberté de presse. Aucun journaliste n’a plus été inquiété pour ses écrits ou propos depuis belles lurettes. Dans ces conditions, imaginer une interpellation en lien avec la publication d’un article de presse relèverait de la fiction dans la mesure où l’article supposément incriminé n’a directement indexé personne.
L’interpellation de Carlos Kétohou pourrait être en lien avec une autre affaire qui n’a rien avoir avec le délit de presse. Dans ce cas il s’agirait de l’interpellation d’un simple justiciable et le seul reproche à faire à la justice en l’espèce est la manière cavalière dont le citoyen a été appréhendé.
Peut-on alors parler d’un recul de la liberté de presse comme tentent de la faire nombre de personnes ? Là encore, il faut savoir raison gardée, le cadre légal est assez protecteur du journaliste et la cour constitutionnelle a rappelé dans un arrêt assez éloquent il y a un an que tout journaliste ne peut être poursuivi que sur la base du code de la presse et de la communication qui dépénalise tous les délits de presse.