©liinformateur.net – 12 juin 2020 – 12h04 (Lomé)

La toile s’emballe depuis jeudi pour une histoire de « revenant » qui exige que des funérailles digne de son statut de féticheur lui soit faites pour qu’il retourne à nouveau dans l’au-delà. Cette histoire aurait pu être classée dans la rubrique des diversions si elle n’était tombée dans un milieu où les croyances dans des phénomènes paranormaux et les rites ancestraux sont encore très prégnantes. Et pourtant, l’affaire sent la supercherie à plein nez et il suffirait de sortir des émotions « africaines » pour comprendre que rien de pareil ne saurait se produire.

L’affaire retient l’attention des autorités coutumières du quartier de Tokoin Dogbéavou où le prétendu revenant a fait son apparition depuis dimanche dans sa maison. Le moins que l’on puisse dire c’est que ni sa famille, ni le chef du quartier ne banalisent l’histoire. Un audio attribué au chef a fait le tour des réseaux sociaux, on y découvre un chef quelque peu hébété devant cette situation, sollicitant les prières des uns et des autres. Selon son témoignage, la police est déjà sur l’affaire et il est prévu un déplacement ce vendredi à Glidji où l’ancien féticheur est enterré depuis février passé.

Ce n’est pour autant pas la première fois qu’une pareille affaire se produit au Togo et défraie la chronique. Il y a quelques années, un prétendu revenant a également fait son come-back en chair et en os à Cinkassé, mais les plus cartésiens ont vite fait de découvrir qu’il s’agissait ni plus ni moins d’une supercherie orchestrée par une individu légèrement déficient mental. Le nouveau revenant semble également s’inscrire dans un registre pareil, mais lui se veut plus insistant, attirant la curiosité de beaucoup de personnes et de la presse. Et pourtant, à première vue, tout renvoie aussi à une supercherie.

Un homme mort depuis le 07 février, donc complètement décomposé dans la terre, est revenu avec son corps physique ? La décomposition cadavérique commence quelques heures après la mort et une fois enterré, l’effet de la chaleur et de l’humidité accélère ce phénomène, selon les témoignages de plusieurs légistes. Il suffit d’y appliquer une petite réflexion pour se rendre compte qu’il est impossible qu’un défunt fasse un retour dans son corps déjà pourri. Il suffirait d’exhumer les restes du corps du vrai défunt pour découvrir qu’il est bien sous terre et déjà à l’étape de squelette avec quelques bouts de chairs épars. Si le doute persiste, des tests ADN sur les enfants du défunt et le « revenant » démontreraient la grossièreté de toute l’histoire.

Quid alors des témoignages de sa femme et des enfants qui auraient attesté qu’il s’agit bien de leur parent mort en février ? Tout cela participe naturellement de la supercherie. Dans le cas du phénomène similaire à Cinkassé, les parents du « revenant » avaient fait les mêmes déclarations jusqu’à ce que le pot aux roses ne soit découvert.

Sur un continent où les croyances exotériques sont bien encrées et nourries par des histoires pareilles, on a vite fait de céder à ces genres de faits divers et des explications les plus alambiquées y sont trouvées. Ce n’est qu’une question de jours pour qu’on découvre que tout n’était que montage et distractions.