Retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire, les choses ne seront pas si simples

©liinformateur.net – 29 mai 2020 – 16h27 (Lomé)

Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont un peu plus libres de leurs mouvements. La Cour Pénale Internationale a allégé jeudi 28 mai les condition de leur liberté conditionnelle après leur acquittement. Ils peuvent désormais circuler dans les 123 Etats partis du traité de la CPI y compris la Côte d’Ivoire. Il se pose alors la question de leur éventuel retour dans leur pays mais les choses ne seront pas aussi simples que cela.

Gbagbo et Blé Goudé libres de rentrer en Côte d’Ivoire ? Oui sur le principe mais pas vraiment dans les faits. Pour pouvoir se déplacer dans un des états membres du traité de la CPI, les deux personnalités doivent d’abord se soumettre à deux conditions : formuler une demande au pays en question et celui-ci doit l’accepter et en informer le greffe de la Cour. Même si la Côte d’Ivoire est leur pays d’origine, ils devront remplir les mêmes conditions en ce qui concerne leur déplacement éventuel vers ce pays.

On se doute bien que sur le principe les autorités ivoiriennes actuelles y réfléchiraient à plusieurs fois avant d’autoriser ces deux personnalités à fouler le sol de leur pays natal. Laurent Gbagbo en personne sur le sol ivoirien, cela ne serait pas du goût de l’administration Ouattara surtout dans le contexte actuel.

La Côte d’Ivoire est lancée dans un processus électoral qui va aboutir à la présidentielle en octobre prochain. Alassane Ouattara ne sera plus candidat à cette élection mais l’homme à pris soin de positionner un de ses plus fidèles comme dauphin. Il va de soi qu’il ne voudra pas avoir quelqu’un qui fasse de l’ombre à son poulain et une présence de corps de Laurent Gbagbo au bercail ne l’arrangerait pas. Les 9 années d’absence de M. Gbagbo de son pays n’ont visiblement rien entamé de sa popularité, au contraire son transfèrement à la CPI et son procès ont été vécu comme une injustice à son égard et contribué à accroître grandement sa popularité.

Dans ce contexte, même s’il formule une demande de retour en Côte d’Ivoire, l’Etat ivoirien y donnerait difficilement une suite favorable du moins pas avant la tenue effective de la présidentielle. Si Gbagbo et Blé Goudé devraient revenir au pays ce ne serait qu’après la présidentielle et encore qu’il faudra pour les deux hommes ouvrir des négociations de couloir avec le pouvoir d’Abidjan pour déblayer le terrain.

Autre complication et non moins des moindres, les deux hommes n’ont plus de passeport en court de validité. A leur transfèrement à la CPI leur documents d’identité leur ont été confisqués et les passeports ont expiré entre temps. Pour les renouveler ils devront s’adresser à l’ambassade de Côte d’Ivoire dans leur pays de résidence. Abidjan pourrait faire traîner la délivrance de ce sésame sans lequel ni l’un ni l’autre ne pourront envisager un retour vers leur mère patrie.

En Côte d’Ivoire, la décision de la CPI a été largement saluée dans les milieux politiques de l’opposition qui y voient un signe de début de réconciliation. Du côté du pouvoir par contre c’est silence radio.

Samuel Gnanhoui

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