Crise Bénin/Niger : Nicéphore Soglo et Boni Yayi en renfort à Talon

©liinformateur.net – Qui peut désamorcer la crise politique entre le Bénin et le Niger ? Difficile de répondre à cette question pour l’heure, tant les dissensions entre les deux états sont profondes. Ce qui avait commencé comme une crise politique aux lendemains du coup d’Etat de juillet 2023 au Niger et de la décision de la Cédéao de fermer les frontières avec le Niger, a pris des allures plus inquiétantes depuis quelques mois, bloquant toutes transactions commerciales de part et d’autre. Deux anciens présidents béninois sont attendus à Niamey ce lundi 24 juin pour une mission de réconciliation qui s’annonce toutefois périlleuse.

Pour cette visite des deux anciens présidents du Bénin, ce sont leur service de communication respectifs qui en ont fait l’annonce, parlant d’une mission dont l’objectif est de « contribuer à rétablir les relations cordiales et fraternelles » entre les deux pays frontaliers. Nicéphore Soglo (1991 à 1996) et Dr Thomas Boni Yayi (2006 – 2016) pourront-il contribuer à régler cette crise politico-économique ? Tous les observateurs s’accordent pour dire que la mission parait difficile.

Aux lendemains du coup d’Etat qui a renversé Mohamed Bazoum, le Niger se voit frapper par des sanctions de la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Entre autres sanctions, la fermeture des frontières est décrétée, décision que le Bénin appliquera dans toute sa rigueur, allant jusqu’à prêter main forte à la Cédéao dans sa volonté de déployer une mission militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel.

Ce zèle du Bénin n’a pas été du goût des nouvelles autorités militaires du Niger. Aussi, lorsque la Cédéao annoncera la levée des sanctions suivie de l’ouverture des frontières, le Bénin s’exécutera, mais le Niger se refusera-t-il a appliquer la réciprocité. A l’heure actuelle, la frontière du côté de Malanville est bien ouverte coté béninois mais fermée côté nigérien. Sur fond d’accusations de la part de Niamey sur des velléités des déstabilisation de Cotonou, la crise politique a pris des portions économiques, agissant sur le passage du pétrole nigérien par le pipeline reliant les deux pays.

Cette crise pèse lourdement sur les économies des deux pays. Le Niger est un pays enclavé dont l’ouverture sur l’océan la plus proche est le port de Cotonou, lequel port dépend également à plus de 80% des exportations en direction du Bénin. Le blocage du passage du pétrole sur le pipeline crée également un énorme manque à gagner. Nicéphore Soglo avait déjà dénoncé l’intransigeance de son pays dans cette crise. Lui et Boni Yayi sauront-il parler aux militaires à Niamey et désamorcer la crise ? Les prochains jours situeront l’opinion.

La communication des deux anciens chefs d’Etat ne précise pas si cette mission est faite à la demande des autorités béninoises, mais il est impossible d’imaginer qu’une telle mission ne soit qu’une initiative personnelle de leur part sans la bénédiction de l’exécutif béninois.

Noton que du côté de Niamey, les autorités semblent convaincues que le Bénin abriterait des terroristes dont l’objectif serait de destabiliser le pouvoir militaire. Bien que Cotonou ait donné des garanties de sa bonne foi, Niamey est loin d’être convaincu.

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