Décentralisation : « Pourquoi les citoyens sont-ils autant négligés ? », s’interroge Pascal Agbové
©liinformateur.net – Lomé, 03 octobre 2021, 12h21 – Le processus de décentralisation est bien avancé au Togo. Depuis 2019 le pays a organisé des élections municipales qui ont permis de doter les communes d’élus locaux. Avec l’arrivée de ces élus à la tête des communes, les citoyens devraient en principe être impliqués dans la gestion des affaires de la commune. Il n’en est malheureusement rien, faute de bureau du citoyen dont la mise en place doit faire l’objet d’un arrêté ministériel. Pourquoi ce texte pourtant simple peine à être pris ? C’est ce qui amène l’expert en décentralisation Edoh Pascal Agbové à s’interroger dans une courte réflexion.
On gagnerait beaucoup à impliquer les citoyens dans le processus de décentralisation, pense Pascal Agbové. D’après cet expert en décentralisation et également directeur exécutif de l’ONG Initiative des Jeunes pour le Développement (IJD), une meilleure implication des citoyens favoriserait un développement plus harmonieux des collectivités territoriales. C’est du moins ce que prévoit la loi en instituant le bureau du citoyen.
D’après Pascal Agbové, le bureau du citoyen « est un centre d’accueil, d’écoute et recueil des attentes des citoyens. Son existence dans chaque commune devrait faciliter la collaboration entre les élus locaux et leurs administrés. » Malgré ce rôle éminemment important, aucun arrêté ministériel n’a encore été signé à ce jour pour la mise en place du bureau du citoyen.
La conséquence en est que les citoyens ne peuvent donc pas « saisir de manière rapide, librement et formellement leurs élus pour des sujets qui les concernent. Cette situationne favorise pas une implicationdescitoyensdans la gestion de leur commune. » , déplore M. Agbové.
Cette situation s’apparente à de la négligence du citoyen dont le rôle est pourtant primordial pour un processus de décentralisation plus harmonieux. Pour y remédier, Edoh Pascal Agbové formule une batterie de mesures à retrouver dans la réflexion qu’il a publier ce dimanche 03 octobre 2021.
Lire l’intégralité de la réflexion…
POURQUOI LES CITOYENS SONT-ILS AUTANT NÉGLIGÉS ?
La politique de décentralisation conduite par l’État est une bonne opportunité pour les citoyens de s’impliquer davantage dans les initiatives de développement de leurs différentes communes. Raison pour laquelle la loi relative à la décentralisation leur accorde une place de choix dans la gestion des affaires locales. Les élus locaux qui sont leurs porte-paroles doivent coopérer avec eux pour la définition, la mise en oeuvre, le suivi et l’évaluation des projets répondant aux priorités locales de développement. Les élus locaux sont chargés de rendre compte régulièrement de leur gestion administrative et financière à leurs administrés qui paient les taxes et les impôts locaux.
Les citoyens doivent exprimer leurs préoccupations et soumettre leurs doléances à leurs élus à travers le Bureau du Citoyen. Ce dernier, une institution prévue par la loi relative à la décentralisation et aux libertés locales, est un centre d’accueil, d’écoute et recueil des attentes des citoyens. Son existence dans chaque commune devrait faciliter la collaboration entre les élus locaux et leurs administrés. Malheureusement, depuis les élections municipales de 2019 portant les élus à la tête des communes, le simple arrêté ministériel prévu par la loi pour définir les modalités d’organisation et de fonctionnement de cette institution citoyenne (Bureau du Citoyen) n’est pas encore mis à la disposition des citoyens. Ceci ne permet donc pas à ces derniers de saisir de manière rapide, librement et formellement leurs élus pour des sujets qui les concernent. Cette situation ne favorise pas une implication des citoyens dans la gestion de leurs communes. Nous ignorons les raisons pour lesquelles l’arrêté ministériel prévu à cet effet pour favoriser la création du Bureau du Citoyen dans toutes les communes n’est pas encore disponible. Ce qui est sûr, les politiques de développement local connaîtront des difficultés de mise en œuvre efficace s’il y a déficit de collaboration entre les élus locaux et leurs administrés. Ces derniers doivent être impliqués à toutes les étapes de la politique de développement local. Pourquoi sont-ils autant négligés par l’État ? Ce dernier vient de faire voter des réformes relatives aux textes de la décentralisation et du code électoral pour satisfaire les leaders des partis politiques. C’est une très bonne chose pour apaiser le climat politique de notre pays. Mais quelles seront les retombées directes de ces réformes sur la vie quotidienne des citoyens ? Ces réformes permettront aux leaders politiques d’atteindre leurs objectifs avec leur participation à l’organisation des élections régionales et la mise en place du SÉNAT après. D’autres textes viennent d’être pris pour l’affectation des ressources financières aux communes. Quelle est la place du citoyen dans tout ça ? Le processus de décentralisation en cours serait-il juste pour satisfaire les leaders politiques ou pour améliorer les conditions de vie des citoyens qui croupissent majoritairement dans la grande pauvreté?
Il serait intéressant que le Ministère en charge de la conduite du processus de décentralisation nous dise les raisons pour lesquelles la prise de l’arrêté devant faciliter la mise en place des Bureaux du Citoyen dans les communes traîne.
J’invite à cette occasion les citoyens à s’informer davantage sur la gestion de leurs communes, à se faire former sur le cadre réglementaire de la décentralisation, à s’organiser dans leurs différentes communes afin de contribuer à la bonne gouvernance locale. Ceci aidera l’État à atteindre les objectifs assignés à la décentralisation tels que : accélérer le développement local durable, renforcer l’édifice démocratique, réaliser efficacement les projets de développement local, valoriser le potentiel économique local, etc.
A nos résolutions, répondra le succès. Demeurons de bons citoyens et agissons de manière responsable dans le strict respect des textes.
Togolais viens, bâtissons la cité.Pascal Edoh AGBOVE
Directeur Exécutif de l’ONG-IJD (Initiatives des Jeunes pour le Développement)