Mali – démission d’IBK : la France prend « acte », la Cédéao dans la rodomontade
©liinformateur.net – 21 août 2020, 08h06 (Lomé) – Au Mali, la démission d’IBK semble être définitivement consommée. C’est du moins ce que laisse entendre le communiqué de la France qui dit avoir pris « acte » du fait alors que du côté de la Cédéao, les chefs d’État haussent le ton et demandent la réhabilitation du démissionnaire.
« La France a pris acte de la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita », c’est par cette phrase que le ministre des affaires étrangères françaises a débuté son communiqué au lendemain de l’annonce du départ d’IBK du pouvoir. Le vin semble être tiré, il ne reste plus qu’à le boire. Paris sonne donc la fin de l’ère IBK à la tête du Mali et encourage à un transfert du pouvoir aux civils. Avec une telle posture, on peine à voir ce qui pourrait encore sauver IBK et le remettre au pouvoir.
La France est considérée sous les tropiques comme la protectrice des régimes au pouvoir ; elle est perçue par l’opinion comme celle qui est la véritable « faiseur » de roi. Si elle lâche un régime, plus rien ne peut sauver celui-ci, et dans le cas d’IBK qui a annoncé lui-même sa démission, ce ne sont pas les rodomontades de la Cédéao qui y changeront quelque chose.
La démission d’IBK est intervenue mardi par un discours télévisé et elle a été aussitôt saluée par une liesse populaire. C’est dire le rejet total de la gouvernance d’IBK par les maliens. Que peut alors la Cédéao ou du moins que peuvent les chefs d’État de l’organisation pour sauver leur ancien homologue ?
En haussant le ton en annonçant des sanctions économiques et diplomatiques contre le Mali, la Cédéao est bien dans son rôle. Son protocole additionnel sur la bonne gouvernance et la démocratie s’oppose à tout renversement de pouvoir par des voies antidémocratiques. Mais la Cédéao se met en difficulté en faisant du rétablissement d’IBK une exigence. Il est plus qu’évident que IBK ne pourra plus être rétabli dans ses fonctions.
« Il est difficile voire impossible de vouloir remettre IBK au pouvoir » a averti l’ex-premier ministre malien Moussa Mara. Il s’agit donc d’une ligne rouge qui va sans doute bloquer les discussions avec la junte. Si la mission des chefs d’État qui se rend au Mali ce vendredi 21 août campe sur ce point, les lignes risquent de ne pas bouger. Pour la junte, la démission d’IBK est irrévocable, et l’on voit difficilement la Cédéao, même avec la menace de faire intervenir sa force en attente, obtenir son rétablissement au pouvoir.
Pour les chefs d’État de l’espace communautaire, il faut sortir des attitudes matamores et revenir à la réalité. La démission d’IBK est consommée. Tout au plus peuvent-ils obtenir sa libération, négocier un exil pour lui et faire pression pour un transfert rapide du pouvoir aux civils. Sinon, la Cédéao risque de davantage creuser un fossé déjà abyssal entre cette organisation, perçue par une bonne partie des populations comme un syndicats de chefs d’État, et le peuple malien qui a déjà tourné la page IBK.
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