Pétrolegate : ces légitimes interrogations sur les insuffisances du rapport d’audit
©liinformateur.net – 03 novembre 2020 – 16h27 (Lomé) – On commence par en savoir un peu plus sur le rapport d’audit commandité par le gouvernement togolais pour faire la lumière sur les supposées malversations financières attribuées au CSFPPP (Comité de Suivi des Fluctuations des Prix des Produits Pétroliers). Des révélations faites par l’hebdomadaire « Le Médium » permettent de s’interroger sur le réel but de cet audit qui semble avoir été fait à charge contre certaines personnes et à décharge pour certains. Le moins que l’on puisse déduire à la lecture de certaines conclusions du rapport d’audit sur le pétrolegate, c’est qu’il renferme beaucoup d’insuffisances.
La mission d’audit menée par « une équipe conjointe de l’Inspection Générale des Finances (IGF) et de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP), du 29 juillet au 18 septembre 2020 » a permis de mettre en lumière des pratiques peu recommandables notamment des paiements à des tiers sans pièces justificatives, ou du moins les auditeurs n’ont pas pu avoir accès aux dites pièces, et des dons en nature. Des noms sont cités par le rapport comme ayant ordonné des dépenses injustifiées dont ils sont invités à en produire les pièces ou à rembourser les sommes décaissées.
Deux anciens ministres du commerce, Arthème Kwessi Séléagodji Ahomey-Zunu et Bernadette Essozimna Legzim-Balouki sont particulièrement visés dans ce rapport, selon « Le Médium ». Au premier, il est demandé de rendre un véhicule (Toyota Land Cruiser immatriculé TG-5661 AH acquis en 2008) dont il a bénéficié de la part du CSFPPP au titre de président de droit en sa qualité de ministre du commerce, véhicule qu’il aurait gardé par devers lui.
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Contre la seconde, les griefs du rapport de la mission sont plus coriaces ; il est reproché à Legzim-Balouki des décaissements s’élevant à un montant de 700 millions de francs CFA sur la période du 26 mai 2014 au 30 juillet 2020 toujours en sa qualité de présidente de droit de CSFPPP. Seul bémol, « aucune pièce justificative de ces dépenses n’a été mise à la disposition de la mission » , selon le rapport dont une partie a été publiée par le journal de Crédo Tetteh. La ministre est donc invitée par le rapport d’audit « à justifier toutes les dépenses effectuées sur le compte séquestre dont elle fut l’unique signataire. A défaut, elle devra rembourser l’intégralité des sommes mises en cause » .
Ces recommandations de la mission ainsi que d’autres suscitent un certain nombre d’interrogations sur la démarche des auditeurs. Ces interrogations sont soulevées par Le Médium dans sa parution 0418 et méritent qu’on s’y attarde. On peut donc légitimement s’interroger à la suite du journal pour savoir si les 2 auditeurs ont tenté de « contacter l’ancienne Ministre pour l’entendre » ou ne serait-ce pour avoir les documents recherchés ?
Autre curieuse insuffisance du rapport, c’est le silence délibéré sur ce qu’a été le rôle de l’actuel ministre du commerce. Kodzo Adédzé aussi est président de droit du CSFPPP au même titre que ses prédécesseurs depuis sa nomination au poste de ministre du commerce dans le gouvernement de klassou 2 ; et à ce titre il aurait certainement dû bénéficier des avantages donnés aux présidents du CSFPPP. Que cache ce voile délibéré jeté par l’audit sur le rôle joué et les avantages obtenus par le sieur Adédzé ?
Il y a comme un goût d’inachevé dans le travail de la mission d’audit et le journal Le médium promet de revenir dans de prochaines parutions sur le cas Adédzé. Rappelons que ce mercredi 04 novembre, l’affaire du pétrogate pourrait connaitre son dénuement à la justice dans le procès en diffamation qui oppose Fabrice Adjaky au journal L’Alternative.
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