Pétrolegate : qui a modifié les TDR de la mission de conciliation des données et à quelle fin ?
©liinformateur.net – (Lomé, 16 avril 2021, 17h12) – Au lendemain de la publication par le journal l’Alternative des informations relatives à un supposé détournement de près de 500 milliards Fcfa par les Adjakly, dans la  commande du pétrole, le gouvernement togolais a décidé d’une mission de conciliation des données afin de comprendre la situation réelle. L’objectif  visé est, sans ambages, de connaitre les tenants et les aboutissants de ce que l’on appellera plus tard Pétrolegate. Malheureusement, ceux qui ont reçu mission de concilier les données ont versé dans des travers inacceptables. Il y  aurait eu modification des termes de références de la mission. Au finish, le gouvernement se retrouve en face d’un rapport qui ne lui permet pas de  connaitre effectivement, entre les chiffres qui sont déclarés et les chiffres tenus par les acteurs du secteur.

Par l’hebdomadaire Temps Nouveaux

L’affaire surnommée  Petrolegate  connait des rebondissements forts intéressants qui pourront aider à démêler le vrai du faux. Pendant que le procès en appel suit son cours devant la cour d’appel, des officiels du pays sont montés au créneau pour éclairer la lanterne des populations.  Et justement, on en sait un peu plus sur le dossier, notamment la mission réelle assignée aux auditeurs dont le rapport des travaux  est sujet à caution.

Il faut faire remarquer que dans ce dossier d’allégation de détournement de près de 500 milliards, l’Etat togolais a voulu voir clair avant de savoir la suite  à donner  à l’affaire. Pour ce faire, le gouvernement avait demandé une conciliation des données, comme c’est de son habitude dans le cadre de ses prérogatives de contrôle et de lutte contre la corruption. C’est ce que révèle la lettre de mission du 20 juillet 2020 du directeur général du trésor et de la comptabilité publique autorisant d’ «  effectuer une mission de réconciliation des données à la société Togolaise de Sockage de Lomé (STSL et la Société Togolaise d’Entreposage(STE) ». Il en est de même avec la   lettre de mission adressée au ministre du commerce, de l’Industrie, du Développement du Secteur privé et de la Promotion de la Consommation Locale, en date du 27 juillet 2020,  lui donnant  «  mission pour procéder au contrôle et à la réconciliation des données au niveau de la Société Togolaise de Stockage de Lomé(STSL), de la Société Togolaise d’Entreposage(STE), du Complexe Pétrolier de Lomé(COMPLEL), du Comité de Suivi des Fluctuation des Prix des Produits Pétroliers(CSFPPP) et de toutes les autres structures aussi bien publiques que privées dans la chaîne de la commande des produits pétroliers, à l’équipe conjointe(Inspection Générale des Finances-Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique), d’inspecteurs » .

A la lecture des lettres de missions susmentionnées, on s’aperçoit que le travail demandé n’est pas celui qui  a été exécuté. Et donc, naturellement, le rapport dit d’audit de la commande publique du pétrole ne peut que souffrir de crédibilité voire sa fiabilité mise en doute.

Généralement, le gouvernement commandite ce qu’on appelle une réconciliation des données pour pouvoir rapprocher les chiffres. « Donc ce n’est pas un audit, je voudrais vraiment que ça soit très clair, le gouvernement n’a pas commandé d’audit sur le secteur du pétrole », a laissé entendre le ministre Christian Trimua. Le ministre  précise que  « sur le secteur du pétrole, le rapport dont on parle, n’est pas le rapport qui a été commandé par le gouvernement sur l’audit du secteur du pétrole. Il a été demandé à la direction générale du trésor, appuyée par l’inspection générale des finances, de procéder à cette réconciliation des données, qui est une opération qui se fait régulièrement, en tout cas périodiquement, parce que l’Etat veut connaitre effectivement, entre les chiffres qui sont déclarés et les chiffres tenus par les acteurs du secteur. Vous verrez que l’équipe qui a été mise en place pour cette mission ne comporte pas de spécialiste du secteur du pétrole. Si nous avions commandé un audit du secteur du pétrole, nous aurions recherché l’expertise adaptée à ce secteur du pétrole pour pouvoir demander. Il se trouvait simplement qu’à un moment ou à autre, les termes de références ont été modifiés d’une certaine manière, que la mission a été conduite dans des conditions que vous connaissiez aujourd’hui… ».

On se rappelle que les sieurs  Adjakly Francis Sossah, Adjakly Fabrice Affatsawo et Kondo  Comlan  Ononh-Nofoumi, puisqu’il s’agit d’eux qui sont accusés dans l’affaire,  avaient eux-aussi sèchement dénoncé le rapport d’audit, aussi bien sur la forme que sur le fond. Selon eux, des irrégularités  sont manifestes dans ce rapport brandi comme parole d’évangile pour les accuser.   Dans un  document de 62 pages avec des annexes en guise d’observations, ils ont fait savoir qu’  « avant tout développement au fond sur les différents chapitres traités par les auditeurs, nous  ne  pouvons  dissimuler  notre  surprise ainsi que notre dépit, face à la partialité délibérée qui a marqué l’exécution de la mission à  notre  égard,  qui  l’a  amené  à  afficher  une hostilité  caractérisée  dans  ses  analyses  et conclusions  chaque  fois  que  celles-ci  nous ont  visés  » . Plus loin, on peut lire  « le climat qui a prévalu tout au long de la mission induit, de notre part, un doute quant aux  véritables  finalités  de  l’audit,  dont  les conclusions  nous  portent  à  croire,  qu’il  n’a été commandité que dans le but  d’accabler  les  ADJAKLY,  et trouver  matière  à  corroborer  les  allégations infamantes dont la rumeur publique a entaché  leur  nom,  depuis  les  publications  scandaleuses parues dans certains journaux de la place ».   Bref, les mis en cause ont relevé que ceux qui ont été chargés de l’audit ont eu « des approches  comptables  hasardeuses,  qui  ont forcément vicié les conclusions qu’ils en ont tirées sur le plan de la cohérence en matière de comptabilité publique « .  Aussi estiment-ils qu’il y aurait une fixation sur leur personne. « Quand  il  s’agit  des  ADJAKLY ou  de  M.KONDO  COMLAN,  nous  devons  rembourser  personnellement,  alors  même  qu’aucun enrichissement personnel ne nous est reproché  et  que  les  prétendues  fautes  commises l’ont  été  dans  le  cadre  de  nos  fonctions.  En revanche, quand il s’agit des autres structures,  ce  sont  les  structures  en  cause  qui  doivent  rembourser,  et  non  les  personnes  en poste.  Nous  ne  saurions  que  trop  conseiller aux  auditeurs  de  trouver  une  logique  commune à toutes les entités et personnes visées dans leur rapport » .

Voilà  qu’aujourd’hui, l’on se rend compte que les auditeurs n’ont pas agi selon l’esprit de la mission commandée par le gouvernement mais sur des instructions étrangères à celles officielles. Il va sans dire que des mains noires sont à l’œuvre pour des objectifs inavoués dans le dossier. Tout finira par se savoir tôt ou tard.

Affaire à suivre………

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