©liinformateur.net – 26 novembre 2020 – 07h41 (Lomé) – Dans une interview accordée à nos confrères du bihebdomadaire « Le Correcteur », le leader de l’ANC Jean-Pierre Fabre a répondu à de nombreuses questions dont celle portant sur une enveloppe financière reçue du président ivoirien. À l’époque de la coalition des 14 (C14), une affaire de 30 millions de francs CFA remis par Alassane Ouattara, a sonné le glas de ce regroupement qui menait la vie dure au pouvoir entre 2017 et 2018. Mais cette affaire qui fit couler beaucoup d’encre et de salive au sein de l’opinion publique est aujourd’hui confirmer par Jean-Pierre Fabre dans une tentative de se dédouaner de toute accusation de corruption. Mais est-ce nécessaire, 2 ans après les faits, de revenir sur une affaire que beaucoup ont déjà presque oublié ?

Il n’est de secret pour personne que Jean-Pierre Fabre n’est pas bon communicateur et cette récente sortie semble le confirmer. Le patron du parti orange qui n’a jamais reconnu ouvertement ce « cadeau empoisonné » de Ouattara à la C14, a cru devoir rouvrir le dossier pour livrer sa part de vérité.

Oui Alassane Ouattara a remis une enveloppe de 30 millions à la C14 et oui l’argent a été utilisé pour soutenir les militants du PNP en prison et pour financer quelques manifestations, déclarait en substance Jean-Pierre dans Le Correcteur. Une version qui contredit en partie celle donnée il y a quelques mois par un autre leader de la C14. Le professeur Aimé Gogué, l’homme par qui l’affaire a été connue, était clair à l’époque ; pour lui les 30 millions ont été utilisés pour organiser des manifestations de l’opposition. Il n’avait jamais parlé de soutien aux militants du PNP en prison. Deux versions d’une même affaire, et d’autres existent encore.

Lire aussi Togo : Jean-Pierre Fabre fait un virage au centre

Certains responsables politiques qui tiraient déjà sur la corruption au sein de l’état major de la C14, laissaient entendre que le montant octroyé par le président de la Côte d’Ivoire allait largement au dessus des 30 millions. Finalement, qui dit la vérité ?

Face à ces écarts de versions et devant la stupéfaction générale provoquée à l’époque par cette affaire, y avait-il nécessité pour un leader politique de revenir sur ce dossier ? La politique et l’argent ont toujours été des jumeaux siamois et en Afrique, des thèses foisonnent sur le mode de financement des actions de l’opposition. Mais jamais aucun leader n’expose ces affaires à la place publique.

Autant on disait à l’époque déjà qu’il n’était pas nécessaire d’ébruiter cette affaire gênante, l’opposition togolaise s’était toujours présentée comme les parangon de la vertue, autant il n’est pas nécessaire pour Jean-Pierre Fabre de revenir sur ce dossier. Tout ce qu’il a réussi à faire par cette sortie, c’est de ne convaincre personne.

L’opposition togolaise doit apprendre à tenir sa langue en bride. Le mal que les 30 millions ont engendré est si profond que le fait de revenir sur cette affaire comme pour se racheter paraît une vaine tentative.

GSK