Togo : sextape – de la prison avec sursis pour les élèves, le problème est-il pourtant réglé ?
©liinformateur.net – 24 juillet 2020 – 13h22 (Lomé)
26 élèves comparaissaient devant le tribunal de Lomé jeudi 23 juillet pour les vidéos de sextape devenues virales sur les réseaux sociaux. La justice y est allée un peu fort ; 7 élèves ont écopé d’une peine de 18 mois de prison avec sursis, quinze autres ont été condamnés à 12 mois assortis de sursis et quatre ont été reconnus non coupables et relaxés. Pour ces collégiens et lycéens, ces peines sont lourdes mais règlent-elles pour autant le véritable problème que posent les actes des élèves.
Selon plusieurs conseillers pédagogiques, le réponse judiciaire apportée à l’acte posé par ces élèves et qui a heurté toute l’opinion, n’a pas pris en compte le véritable message que les élèves ont cherché à faire passer. Les autorités sont visiblement tombées dans le piège de l’émotion populaire en cherchant à faire de ces élèves, des victimes expiatoires pour les péchés futurs des autres. En les condamnant à de la prison avec sursis, ce qui entache bien sûr leur casier judiciaire, on envoie un signal à quiconque serait tenté par ces actes. Mais la réponse judiciaire à elle seule, ne résoudra pas le problème de fond.
Ces élèves ont cherché à passer un message, croit savoir un conseiller pédagogique qui trouve que le fait d’avoir confié le dossier à la justice n’est pas la meilleure manière de trouver une réponse à cette situation. Pour lui, ces élèves ont cherché à attiré l’attention sur eux en faisant quelque chose qui va créer l’indignation. Si l’on va au fond, le système éducatif togolais est le vrai fautif selon lui.
La formation donnée aux élèves reste purement théorique et ne permet pas à ceux-ci de développer leur esprit de créativité. Or, en ce siècle-ci où la concurrence est rude, l’école ne donne aucun repère à l’apprenant. Les élèves ont besoin d’être stimulés, ils ont besoin que la formation leur permette de mettre leur génie au service de l’inventivité. Toute chose qui n’est pas le cas avec le système actuel qui reste vétuste avec des contenus sans attrait. A leur âge, des élèves d’autres pays rivalisent de créativité et d’inventivité dans des choses utiles à la société. Il faut donner aussi ces possibilités aux élèves du Togo pour leur éviter de chercher à s’illustrer de ces manières, conclue le conseiller pédagogique.
Il est aussi surprenant que ces élèves n’aient pas été présentés à des psychologues pour une période de suivie qui puisse leur permettre de se remettre en cause et de décider de partir sur de nouvelles bases, s’étonne un autre conseiller. En les condamnant à de la prison avec sursis, il n’est pas certain qu’ils aient véritablement compris le sens de la sanction. La prison comme seule réponse à un message caché que renvoient les élèves ne résoudra rien. Si l’on y prend garde, dans quelques années, ils feront pire et on sera encore là à s’en émouvoir.
Samuel Gnanhoui