Togo : Il était une fois, un 19 août

©liinformateur.net – Lomé, 19 août 2021, 19h05 – Si le 19 août est une date ordinaire sur le calendrier, il n’en est pas ainsi pour les togolais de toute tendance confondue. Le 19 août 2017, le petit monde politique togolais à failli s’effondrer sur la tête de ceux qui le tienne. Mais comme une malédiction pour les opposants, tout n’a été que rêves brisés et désillusion totale. 4 ans après, c’est un constat d’une platitude totale qui s’impose. Leaders en fuite, militants emprisonnés et pouvoir renforcé, voilà le tableau pittoresque que peignent de nombreux togolais.

Le 19 août 2017 résonne encore dans les oreilles de nombreux togolais. À peine peut-on imaginer que dans les prédictions les plus apocalyptiques, on aurait pu prévoir ce qui s’est produit ce jour-là. Une simple manifestation du Parti National Panafricain (PNP), jeune Parti politique sur la scène politique togolaise, a tourné au cauchemar pour le pouvoir de Lomé.

Soldats agressés et même tués, militants abattus, biens publics détruits… la rue s’est vue pousser des ailes d’Hercule. L’auteur de ce soulèvement, Tikpi Atchadam, a semblé lui-même dépasser par les événements si bien que le dimanche 20 août 2017, il dû en appeler à Jean-Pierre Fabre. Ce sera alors le début d’une saga politique qui s’est soldée par la même issue, un échec monumental et une désorganisation de l’opposition.

Côté pouvoir, le 19 août à été ressenti comme un coup de massue qui a réveillé des gens endormis. Passée l’heure de la somnolence, le pouvoir à très vite resserré les rangs et sorti les griffes. Le parti au pouvoir s’est réorganisé, le pays a été maillé autrement sur le plan militaire, des villes sont militairement « assiégées« , selon l’expression de l’opposition. On peut même être tenté de dire que le pouvoir est le grand vainqueur de ce soulèvement inédit. Assuré et rassuré, on glose qu’il « n’y aura plus jamais de 19 août« . L’opposition n’a que ses yeux pour pleureur.

Petit à petit, elle se mêle les pieds dans des divisions sur fond de rivalités de leadership et scandals financiers. Tikpi part en exil, abandonnant un navire moribond à la dérive. Ce ne sont pas ses audios via réseaux sociaux qui réveilleront les cadavres. Les togolais eux-mêmes semblent être passés à autre chose.

Les législatives de 2018, les municipales de 2019 et surtout la présidentielle de 2020 sont passées comme une lettre à la poste. La vie continue ; à peine les gesticulations d’une dynamique fut-elle incarnée par un prélat, perturbent le calme retrouvé. Le pouvoir déroule son programme qui passe du PND à la feuille de route gouvernemental.

Pour beaucoup d’analystes, il faut compter encore plusieurs années pour espérer voir le peuple se réveiller.

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